Gaynor
J’ai vu ma mère souffrir d’un cancer du sinus maxillaire, puis en mourir à 52 ans des conséquences d’une tumeur cérébrale. Très tôt, j’ai découvert les horreurs du cancer, les traitements et leurs ravages, non seulement pour ma mère, mais aussi pour toute la famille. C’est pourquoi j’ai toujours essayé d’avoir recours à toutes les méthodes possibles de dépistage précoce.
En Nouvelle-Écosse, les femmes peuvent commencer à bénéficier du programme de dépistage du cancer du sein à partir de 40 ans. Dès que j’ai pu le faire, j’ai commencé à passer des mammographies annuelles.
Le 29 juin 2018, j’ai passé ma mammographie annuelle en sachant que j’ai une bosse, récemment détectée sous mon sein droit. En y repensant, j’aurais dû consulter mon médecin de famille en premier lieu : je pensais que le processus serait plus rapide, car j’avais déjà passé une mammographie.
J’ai informé la radiologiste de ma situation. Elle a marqué la zone suspecte avec un autocollant sur la mammographie pour informer le radiologiste examinateur qu’il s’agit d’une zone préoccupante. Elle m’a dit de ne pas m’en faire, car j’allais sûrement recevoir une lettre de convocation à l’hôpital pour une mammographie diagnostique : un protocole habituel en raison de l’apposition de l’autocollant.
Environ une semaine plus tard, j’ai reçu une lettre indiquant que le radiologiste n’avait détecté aucun signe de cancer à ce stade sur ma mammographie. C’était un grand soulagement. Comme j’ai eu des problèmes de kystes ovariens pendant des années, je me suis dit que la situation se répétait, alors j’ai vaqué à mes occupations comme si rien n’était pendant des mois. Heureusement, et par pur hasard, j’ai passé un test PAP à la mi-septembre. J’ai parlé de ma bosse au médecin en lui disant que je n’étais pas inquiète, car j’avais passé une mammographie qui s’est avérée normale. Une demande a été faite pour subir une mammographie diagnostique, réalisée début octobre. La radiologiste a senti la bosse et a dit qu’en raison de la densité du tissu mammaire, elle n’apparaissait pas sur la mammographie. J’étais sous le choc : c’était la toute première fois que j’entendais, depuis toutes ces années de mammographies de dépistage, que j’avais un tissu mammaire dense. Et là, j’ai pris conscience des conséquences. Elle a immédiatement fait une échographie et, plus tard ce mois-là, j’ai subi une biopsie par forage sous guidage stéréotaxique.
Le 6 novembre 2018, le jour où nous devions célébrer nos dix ans de vie au Canada, mon mari et moi étions assis dans le cabinet de notre médecin. Nous venions d’apprendre la terrible nouvelle que j’avais le cancer du sein à 48 ans! Mi-novembre, nous avons rencontré le chirurgien qui nous a informés qu’il s’agissait d’un carcinome lobulaire invasif. Seulement une femme sur dix développe ce type de cancer du sein. En plus du tissu mammaire dense, j’ai un cancer lobulaire invasif, tous deux apparemment difficiles à détecter par mammographie. Un double choc. Étant donné la difficulté liée au dépistage et le fait que nous avons deux filles, qui avaient six et neuf ans à cette époque, j’ai opté pour une mastectomie bilatérale.
L’intervention a été pratiquée le 13 décembre 2018, le jour de l’anniversaire de mon mari! Malheureusement, lorsque nous sommes allés à mon rendez-vous de suivi et que nous avons pris connaissance des résultats de la pathologie, nous avons constaté que la situation était bien pire que le diagnostic de départ : tumeur de trois centimètres, six des sept ganglions lymphatiques enlevés comprennent des cellules cancéreuses, cancer de stade 3. On a fixé un rendez-vous avec un
oncologue, puis j’ai commencé six cycles de chimiothérapie (FEC-D) pendant 18 semaines., puis j’ai commencé six cycles de chimiothérapie (FEC-D) pendant 18 semaines.
La chimiothérapie a été l’expérience la plus horrible de ma vie, et avec deux petites filles et nos deux familles vivant en Angleterre, c’était très difficile. Heureusement, j’ai pu compter sur des amis pour me soutenir : notre famille sera toujours reconnaissante de leur amour et de leur appui tout au long de cette période. Deux semaines sur trois, et ce, pour pour chaque cycle, j’étais très malade non seulement à cause de la chimiothérapie, mais aussi à cause des médicaments donnés pour les effets secondaires, et des médicaments pour les effets secondaires des effets secondaires. Je me suis retrouvée avec une phlébite et des veines éclatées permanentes dans un bras. En raison de la douleur et de l’immobilité résultant de tout cela, j’ai maintenant une épaule bloquée du côté affecté!
Un radio-oncologue s’est ensuite occupé de mon cas. J’ai commencé 15 traitements de radiothérapie intensive administrés quotidiennement pendant trois semaines. L’oncologue a jugé qu’une dose quotidienne de létrozole, un inhibiteur de l’aromatase, était le meilleur moyen de prévenir les récidives. Toutefois, ce médicament ne peut être administré qu’aux femmes postménopausées. Comme j’étais trop jeune, j’ai reçu des injections tous les trois mois pour forcer mon corps à entrer en ménopause. On m’a envoyée chez un gynécologue; je viens de subir une salpingo-ovariectomie visant à retirer les ovaires et les trompes de Fallope pour éviter le recours aux injections pendant de nombreuses années.
À mes yeux, le cancer du sein est effrayant, car hormis ma masse apparemment insignifiante, je me sentais très bien. En entrant dans la salle d’intervention pour subir la mastectomie bilatérale, j’avais encore de la difficulté à croire que j’avais le cancer. Ce n’est qu’aujourd’hui, après tous les horribles traitements, toutes les procédures, les interventions et la médication, que je peux dire à quel point j’ai souffert. J’ai subi tellement de tests sanguins, de piqûres d’aiguille, de mammographies, de tomodensitométries de la poitrine, d’IRM du sein, de MUGA (ventriculographie isotopique) de mon cœur, d’ostéodensitométries, de scintigraphies osseuses et de simulations par tomodensitométrie que c’est terrifiant. À l’heure actuelle, j’attends une autre scintigraphie osseuse et une tomodensitométrie de ma tête en raison de problèmes récents.
Lors de ma première mammographie, j’aurais aimé être au courant que j’avais un tissu mammaire dense, de ce que cela représentait comme conséquences et des autres examens de dépistage auxquels j’aurais dû avoir accès. Je crois fermement que si la situation avait été détectée à temps, mes ganglions lymphatiques n’auraient pas été affectés et j’aurais pu éviter la chimiothérapie et toutes ses répercussions affreuses. À cause du cancer du sein, j’ai perdu mes deux seins, mes beaux cheveux longs, mes ovaires et mes trompes de Fallope. Et une inquiétude me trotte toujours dans la tête : compte tenu de l’atteinte de mes ganglions lymphatiques, mes petites filles n’auront pas leur mère auprès d’elles aussi longtemps que moi. J’avais 24 ans quand j’ai perdu ma mère et mes filles ont maintenant sept et neuf ans! Le dépistage précoce est vital!