Barbara
J’avais l’habitude de me promener dans un parc près de chez moi avec une superbe partie dédiée aux survivantes du cancer du sein. Je ressentais de l’empathie pour ces femmes et du soulagement, aussi, de ne pas faire partie de ce groupe. En excellente santé et sans antécédents familiaux de cancer, je croyais que je serais épargnée par cette maladie. J’étais rassurée de voir que les résultats des mammographies reçus régulièrement pendant 35 ans étaient toujours clairs et qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. J’étais encore plus confiante, les trois dernières années, puisque je passais des mammographies annuelles, car le technicien en radiologie m’avait dit que j’avais des seins très denses. C’était la première fois que j’entendais parler de seins denses et ça ne m’a pas du tout préoccupée. Ma médecin généraliste ne m’en avait jamais parlé, bien qu’elle était toujours très prudente quand il s’agissait de signaler tout problème de santé que je pouvais avoir. Ce n’était clairement pas un sujet de préoccupation pour elle non plus.
Puis, pendant un examen clinique annuel, elle a découvert une bosse plutôt grosse dans mon sein gauche. J’étais sous le choc. Comment la mammographie effectuée moins d’un an auparavant ne l’avait-elle pas détectée? On m’a tout de suite envoyée passer une autre mammographie et une échographie complémentaire à la clinique Breast Care de l’hôpital Saint-Joseph à London, où je passais mes mammographies de routine.
Pendant l’échographie, la radiologue en chef, Dr. Anat Kornecki, et son équipe m’ont expliqué que la lésion sur mon sein gauche mesurait environ 2 centimètres de large, qui correspond à la grosseur d’un stade 2; elle était à 97 % certaine qu’elle était cancéreuse. Étant donné la taille, cela devait faire longtemps qu’elle était là, cachée derrière des plis de tissu mammaire dense dans mon sein, et elle avait grossi de manière inaperçue malgré les mammographies annuelles. Elle était également préoccupée par une zone derrière mon mamelon droit qui semblait suspecte. Elle a suggéré que je serais la candidate idéale pour le nouvel appareil de mammographie spectrale avec rehaussement de contraste que la clinique avait récemment acquis. Cette mammographie aurait pu détecter mon plus gros cancer plus tôt, mais en Ontario elle n’est pas financée comme outil de diagnostic de première ligne et ne peut être utilisée que pour des examens de dépistage complémentaires.
Pour la mammographie spectrale avec rehaussement de contraste, une teinture m’a été injectée, suivie immédiatement d’une mammographie numérique. Dr. Kornecki m’a montré des images de l’échographie et de la mammographie spectrale avec rehaussement de contraste. L’échographie montrait une légère variation de coloration dans la zone suspecte, parce que la tumeur apparait en blanc sur le tissu mammaire blanc; en revanche, la mammographie spectrale avec rehaussement de contraste montrait clairement la tumeur sous forme d’un point noir distinct. J’avais clairement des tumeurs cancéreuses dans les deux seins. Cependant, puisque la mammographie spectrale avec rehaussement de contraste montre même le plus petit des cancers, je pouvais être certaine que le reste des deux seins n’était pas touché.
J’ai subi une double tumorectomie aux deux seins deux jours après Noël et trois jours avant mon 75e anniversaire! La bonne nouvelle était que les deux cancers étaient sensibles à l’œstrogène et pouvaient être traités avec une radiothérapie partielle du sein et des médicaments bloquant les œstrogènes, tels que le Letrozole, que je prends actuellement. Je me suis questionnée sur le rôle que le traitement hormonal substitutif que j’ai suivi pendant 25 ans pour le maintien de mes os avait joué sur le développement des cancers. Il a probablement encouragé les tumeurs à grossir, mais le vrai coupable était mon tissu mammaire dense, qui augmentait le risque de cancer et, comme j’ai malheureusement appris, avait empêché la détection des tumeurs cancéreuses. J’ai aussi réalisé l’importance d’avoir des examens des seins réguliers pour s’assurer que si un cancer n’est pas détecté par la mammographie, il sera détecté aussitôt que possible manuellement.
Ma plus grosse tumeur a été envoyée en Californie pour un test Oncotype, afin de déterminer le risque de récidive. Mon risque était extrêmement faible à 6 %, alors mon pronostic semble bon, et les traitements de radiothérapie et la prise de Letrozole, un inhibiteur de l’aromatase, pendant sept ans m’aideront à demeurer sans cancer. Je rends maintenant visite au parc des survivantes du cancer, et éprouve du réconfort et de la fierté de faire partie d’un groupe aussi courageux.